Quant à l'action militaire de LIBERATION-NORD au sein de l'armée secrète, rappelons que celle-ci fut créée en 1943 par le Général de GAULLE et que sa direction fut confiée au Général DELESTRAINT**, mort en déportation.
LIBERATION-NORD eut d'autant moins de mal à constituer dans chaque département de la zone occupée les sections de l'Armée Secrète que ce Mouvement avait déjà mis en place, à ce titre, des formations qui s'intégrèrent avec aisance dans les cadres de l'A.S. et même en constituèrent souvent l'armature.
Aussi ce Mouvement eût-il à consentir à cette forme d'action de lourds sacrifices : 17 tués au combat, 73 fusillés, 391 morts en déportation, 377 déportés revenus des camps.
Les sections A.S. de LIBERATION-NORD rassemblèrent environ 1/5ème de l'effectif total des FFI(1) de la zone ex-occupée.
Leur efficacité tint, dans une large mesure, à la haute qualité et à la compétence technique de ceux qui constituèrent l'état-major de ces sections : Colonel ZARAPOFF**, Général AUDIBERT*, Général LUGAND**, Général FAUCHER**, Général BRUNCHER**, Général CHALLE*, Général MORAGLIA, Colonel de CARVILLE, Colonels de MARGUERITTE, LHERMITTE, LEONI, Lieutenant-Colonel LOUVATVALENTIN, Commandants LIERRE-BONAVITA, PEDOUSSEAU, MOULY, HEYMANN. Enfin Lieutenant-Colonel DUC-DAUPHIN.
Si nous avons cité ce dernier à la fin de cette liste incomplète, c'est à un double titre : après l'arrestation du Colonel ZARAPOFF, il assume durant les trois mois qui précédèrent la Libération la coordination de l'ensemble de l'action et, d'autre part, il devait ultérieurement être désigné, après le Colonel de CARVILLE, en qualité de Liquidateur National de LIBERATION-NORD.
Le lieutenant-Colonel DUC-DAUPHIN ayant à son tour disparu, le relais dans cette lourde fonction fut assuré par René RIBIERE, qui devait à son tour disparaître en décembre 1989.
Les étroites limites de cette plaquette ne nous permettent pas d'évoquer comme il conviendrait l'ensemble des actions conduites dans chacun des départements de la zone ex-occupée.
Aussi devrons nous limiter nos observations à quelques indications chiffrées et quelques points majeurs et nous en éprouvons de vifs scrupules, car de sèches mentions ne sauraient traduire la somme de dévouement et l'esprit de sacrifice qu'exigea cette action.
Les sections LIBERATION-NORD furent implantées dans la totalité des arrondissements parisiens et des communes.
Toutes participèrent ainsi que les groupes francs, "Police et Patrie" et les "Cloches des Halles" aux combats de la Libération d'août 1944.
Leurs pertes furent lourdes : 4 fusillés, 12 tués au combat, 30 déportés revenus parmi lesquels J. BIONDI* et J. MERIGONDE*, 30 morts en déportation (parmi lesquels André KLEINPETER**, l'un des animateurs du Réseau BRUTUS, Jacques BIDAUT**, Secrétaire de la Mairie du 2ème arrondissement de Paris, L. BONNET**, responsable du 5ème arrondissement de Paris, G. BLIN**, René BOULANGER**).
L'action de l'A.S.(2) y présentait des risques particulièrement élevés en raison de l'étroite surveillance exercée par l'ennemi.
Là encore, nous devrons nous borner à de rapides indications rappelant surtout les pertes subies par les sections LIBERATION-NORD.
Responsables d'ensemble : Emilienne JUST* (héroïne de 14/18) et Raoul EVRARD, VAN VOLPUT, HENNEGUELLE, Augustin LAURENT, Commandant militaire : Général BRUNCHER**, BOTSARRON**, INGUELS**, LIOUX**, VAUTRIN**, BECART*.
L'un des responsables les plus actifs, A. PANTIGNY** devait mourir en déportation le 4 décembre 1944, après avoir été odieusement torturé. C. DELABRE* fut son adjoint.
2 fusillés
12 déportés, dont 6 morts en déportation.
Les responsables au premier rang furent : L. GONTHIER**, L. SELLIER** et L. TELLIER.
10 fusillés
24 déportés, dont 10 morts en déportation.
Responsable : R. LEPRETRE*, G. BRUTELLE•, CAPDEVILLE, VILLAIN, CORROY et LEGOUT qui furent fusillés en mars 1944.
14 déportés revenus des camps.
L'action des réseaux COHORS-ASTURIES et ELEUTHERE y fut prépondérante, notamment à l'époque du débarquement.
Responsables : A. THOUIN et GUEDON.
Responsables : R. SCHMIDT, BOCHET, LECLERC, GARDON, J. GOUBERT fusillé le 16 juin 1944.
6 morts en déportation, dont A. BRULE**
5 déportés revenus des camps, dont G. RONCERAY*
Mention particulière doit être faite de l'efficacité des sections A.S. de LIBERATION-NORD dans cette région clef.
Leur action fut placée sous l'autorité du Général AUDIBERT* et de TANGUYPRIGENT (l'un des 80 députés qui avaient dit "non" à Pétain en juillet 1940), de Yves LAVOQUER et de SALAÜN.
À titre d'exemple indiquons que, dans le Finistère, sur 11 000 FFI, 6 000 relevaient de LIBERATION-NORD.
Les pertes furent lourdes parmi lesquelles on ne peut manquer de rappeler la mort en déportation de Mme la Générale AUDIBERT** et l'assassinat par la gestapo d'Agnès de NANTEUIL, agent de liaison du Général AUDIBERT*, affreusement torturée.
30 déportés, dont 10 morts en déportation
La répression allemande y fut particulièrement sévère dès février 1944. Les commandants VEILLET et J. LANDELLE furent fusillés.
20 déportés, dont 8 morts en déportation.
J. DONNART fut fusillé en juillet 1944
Le lieutenant de CARVILLE (fils du Colonel) et LE PEZENNEC furent tués au combat.
COLON**, JACQ**, LOUVIOT** moururent en déportation. TROMEUR* et RIOU* revinrent des camps.
Responsables : LE COUTALLER, LE PENVERN, R. BARRE (qui fut fusillé), R. MARCHAIS (qui devait mourir sous la torture), ROUSSIN**, CHABERT**, J. ROLLO** (ancien Secrétaire Général du Syndicat des Instituteurs) moururent en déportation.
Là encore l'action des sections A.S. de LIBERATION NORD fut prépondérante et lourde de sacrifices.
Responsables : G. GOUDY**, BODIGUEL**, BOUDRON** et DAVIAIS**, H. LUCE*, ainsi que M. FEVRE et F. FLEURANCE.
11 militants fusillés, dont LAGARDE
135 déportés, dont 62 morts en déportation
Responsables : Général LUGAND**, Lieutenant-Colonel LOUVAT-VALENTIN, Colonel BAFFERT.
Les parachutages et atterrissages y furent nombreux, la région plate favorisant l'usage des Lysanders.
Le responsable des départements, dès décembre 1940, fut Edmond GRASSET (que le gouvernement d'Alger désigna comme futur Préfet) ; il devait tomber le 8 mai 1944, à Paris, dans un guet-apens ourdi par la milice et fut exécuté sur le champ. L. BONNET**, responsable du 5ème arrondissement de Paris fut également victime de ce traquenard et mourut en déportation ; sa fille Lucienne, déportée, revint des camps.
Le Docteur Michel BOUCHER, adjoint d’Edmond GRASSET, revint de Buchenwald.
Responsables : Général MORAGLIA, AUDEGUIL, COSTEDOOT, G. DELAUNAY, MALBOS, BONNAC** et MEUNIER** (qui devaient mourir en déportation}, BONNIER (délégué militaire régional) qui, torturé, s’empoisonna.
9 militants de LIBERATION-NORD furent fusillés.
On doit, à titre anecdotique, rappeler :
• le coup de main accompli, la nuit du 24 au 25 août 1944, sur le Fort du HA, et la libération qui en résulta, de 400 résistants incarcérés.
• les informations régulières fournies sur les mouvements portuaires de l'ennemi, par l'intermédiaire du réseau COHORS-ASTURIES, grâce à la complicité d'un aspirant anti-nazi de la Kriegsmarine.
9 militants de LIBERATION-NORD furent fusillés.
12 moururent en déportation.
L'une des activités essentielles fut l'organisation du passage en Espagne de résistants recherchés. Le groupe DE GREET assura ainsi la sauvegarde de 300 agents au prix de lourdes pertes.
Responsables : Colonel J.F. LABAT, Commandant DANGOUSSEAU, HARGOUET, LASSALETTE.
Il convient de souligner l'action résistante d'une partie du clergé basque, animé par le R.P. FILLY.
6 membres de LIBERATION-NORD devaient mourir en déportation.
L'activité des sections A.S.(3) de LIBERATION-NORD ne fut pas moins intense dans les départements de la France intérieure relevant de la zone ex-occupée.
Responsables : Général LUGAND**, Général FAUCHER**, A. MALROUX* (l'un des 80 députés ayant voté contre Pétain à Vichy en juillet 1940 ; arrêté le 3 mars 1943, il devait mourir en déportation), E. BECHE et son épouse, Mme Renée BERTHlER, Lieutenant LOUVAT-VALENTIN, Lieutenant RATEAU. À Saint-Maixent, de nombreux officiers adhérèrent à LIBERATION-NORD et participèrent activement au combat.
2 militants de LIBERATION-NORD furent fusillés
18 déportés, dont 4 morts en déportation
Responsable de l'action militaire : Colonel CANARD (ancien Officier de chars). Mme BITHOREL assuma dans l'organisation de lourdes responsabilités, ainsi qu'Alexandre PELTEKIAN.
Les actions de parachutage, de sabotage et de renseignement furent intenses.
30 militants furent déportés
7 moururent en déportation
Responsables : G. DELAUNAY*, H. HUYARD et J. MADELRIEU qui devait mourir sous la torture.
Les responsables militaires et civils de la Manufacture d'Armes de Châtellerault apportèrent, en bloc, leur aide à LIBERATION-NORD.
20 furent déportés
7 moururent en déportation
Placées sous l'autorité d'A. PONTOISEAU*, du Général CHALLE*, d'AGOGUE* et d'AUBRUN, les sections de l'A.S.de LIBERATION-NORD furent des plus actives.
8 militants furent fusillés
10 déportés revinrent des camps
Responsable : Robert MAUGER
14 furent déportés
6 moururent en déportation
Responsables : E. VIVIER et GAGNON.
LIBERATION-NORD organisa le maquis de Fréteval qui fut d'une rare efficacité lors des combats de la Libération.
Responsables : L. MARIE et P. FAUTREL
8 militants furent fusillés
13 furent déportés
7 moururent en déportation
LIBERATION-NORD était le plus important des Mouvements du département et le commandement A.S. de celui-ci fut confié à A. COUNORD. Ses adjoints furent les Commandants BUSQUET DE CAUMONT et de RAULIN, P. COSTES, R. GUERIN, HARDY, le Docteur QUIENNEC.
Le collaborateur direct d'A. COUNORD, BOUVET - arrêté par la gestapo - torturé, ne parla pas et se donna la mort.
138 furent déportés
78 moururent en déportation
Responsables : R. BOUVET et H. LEFAUVRE
30 furent déportés
5 moururent en déportation
J. MEUNIER assuma la responsabilité de l'action qui fut intense et marquée par de lourds sacrifices.
Ses adjoints, Mme CHOUREAU**, NAY** et BALLAN** devaient mourir en déportation, ainsi que 5 autres de nos camarades. 42 revinrent des camps.
L'action fut conduite par CARROUGES, AZEMIA, M. BAUDOT et FORCINAL, ancien député, qui fut déporté et revint des camps. A. DE LEDEN** mourut en déportation.
Responsables : G. RINCENT, A. GRAVELLE et Gabriel THIERRY (l'un des animateurs de "Résistance-Fer", Compagnon de la Libération et responsable régional de la Champagne et des Ardennes).
7 militants furent tués au combat
12 furent fusillés
8 moururent en déportation, dont G. LAPIERRE**, ancien Secrétaire Général du Syndicat des Instituteurs.
Responsables : GUGGIARI, H. LAGAUCHE, R. GUYOT (torturé, mort en déportation).
7 fusillés.
10 morts au combat.
30 déportés.
23 morts en déportation.
L'action fut conduite par J. BOUHEY, l'un des 80 parlementaires qui votèrent contre Pétain à Vichy, en juillet 1940.
Responsables : Colonel ROCHE, P. GAUTHE, A. JACQUIN.
Responsables : Claude CHANOT, VERNEUIL.
Responsable : LAURENT
Pour l'ensemble des DEPARTEMENTS DE L'EST, le rôle déterminant fut celui d'Henri-René RIBIERE* qui, animé d'une volonté farouche, sut conduire de multiples actions de sabotage et assurer le passage en Suisse de maints résistants recherchés.
H.-R. RIBIERE* qui fut déporté et revint des camps, assuma après le LieutenantColonel DUC-DAUPHIN, ainsi que nous l'avons précédemment indiqué, la responsabilité de Liquidateur National de LIBERATION-NORD. Il devait disparaitre en décembre 1989. Tous ceux qui le connurent le respectaient et l’aimaient.
Les responsables départementaux furent ROYNETTE, VIGNEAU, G. RASTEL, MOREAU (qui devait être fusillé), POIRIER* et WILLIAM* qui, déportés, revinrent des camps.
Jean MINJOZ assuma la responsabilité pour LIBERATION-NORD de la FrancheComté et contrôla à ce titre les deux départements.
Les responsabilités directes furent confiées à G. GRANDMOUGIN, et Y. BARBIER {qui appartenait à la fois à LIBERATION-NORD et à DEFENSE DE LA FRANCE et fut fusillé le 19 août 1944).
Mme SOFFLET* et GRAILLOT*, déportés, revinrent des camps.
Responsable : KIENTZLER, MARTIN et HAAS.
Responsables : PEETERS et POTENIEF.
(1) FFI : Forces Françaises de l'Intérieur
(2), (3) Armée Secrète.