Tandis que LIBERATION-NORD se structurait, créait les filiales dans les milieux les plus divers, tout en conservant sa base syndicale, et mettait en place les moyens de son action libératrice, CAVAILLES et PINEAU développaient parallèlement leurs réseaux, à l'activité desquels Londres attachent de plus en plus d'importance.
En dehors des renseignements politiques, sa spécialité, PHALANX se consacra de plus en plus à des opérations aériennes, atterrissages de Lysanders, transport de personnalités, parachutages de matériel, fournitures d'armes aux maquis. Nous ne décrirons pas ici les aventures et mésaventures des deux réseaux. Nous citerons seulement l'arrestation, à NARBONNE, en septembre 1942, au cours d'une opération maritime destinée à rapatrier en Angleterre un Lieutenant-Colonel de la Royal Air Force, de CAVAILLES et PINEAU.
Deux mois furent ainsi perdus par la faute de gendarmes maladroits, mais une double évasion mit fin à cet intermède.
Par ailleurs, l'entrée des troupes allemandes en zone libre supprima toute ère de sécurité pour les militants de la Résistance. Elle mit fin dans le même temps à la légende qui trompa tant de Français, du double jeu joué par le Maréchal Pétain.
En janvier 1943, PINEAU est appelé à Londres pour la deuxième fois et il aura l'occasion de parler au Général de GAULLE non seulement de ses activités propres, mais de l'importance prise par LIBERATION-NORD.
L'attitude du Général de GAULLE a bien changé au cours de l'année 1942. De nombreuses personnalités de la Résistance et de la politique ont rejoint Londres et l'ont mis au courant des réalités de la vie française sous l'occupation. Parmi celles-ci Pierre BROSSOLETTE et André PHILIP jouèrent un rôle capital auprès des services de la France Libre.
Alors qu'il pressentait seulement l'existence de la Résistance intérieure française, le Général de GAULLE a compris l'importance du rôle qu'e11e pourrait jouer au moment des combats de la Libération.
À Londres, PINEAU obtient de nouveaux moyens. Il aura désormais quatre radios, du matériel et de l'argent à volonté. Il y rencontre longuement Jean MOULIN auquel il explique la situation en zone occupée.
Enfin, il revient en France en mars 1943, au cours d'une opération Lysander montée par PHALANX, ramenant avec lui les plus éminentes personnalités de la Résistance, Jean MOULIN, Premier Président du Conseil National de la Résistance que le général de GAULLE a décidé de créer, et le Général DELESTRAINT, Chef de l'Armée Secrète.
Arrivés en France, les trois hommes s'attachent aux tâches respectives qui leur ont été attribuées.
PINEAU s'est vu confier par le Général de GAULLE personnellement une nouvelle mission, celle de préparer le ravitaillement de la France à la Libération. Il devra pour cela passer une grande partie de son temps à Paris.
Au mois d'avril, il assiste à une dernière réunion du Conseil d'Administration de "LIBERATION-NORD". Il y met au courant ses camarades de son second voyage à Londres, soulignant notamment l'évolution de la pensée du Général.
Cette fois-ci, il n'y a plus de réticences. Le ralliement à la France Libre s'est fait par la force des choses parce qu'il constituait la seule possibilité d'une action efficace contre l'occupant. Charles LAURENT lui-même n'a pas parlé de concertation, mais n'a pas prononcé non plus le mot d'adhésion.
PINEAU est arrêté le 3 mai 1943. Mais cet incident n'a pas de conséquences appréciables pour LIBERATION-NORD. Le Mouvement est lancé ; sa structure et ses cadres lui permettent de ne subir, jusqu'à la Libération, que des "épreuves locales". Si les arrestations individuelles jettent le deuil parmi les familles, elles n'entament pas le courage des militants et l'existence du Mouvement.
Au plan national, deux catastrophes majeures :