Libération Nord le plus Ancien des Mouvements de Résistance croix de Lorraine

Naissance de Libération-Nord - Ses traits distinctifs

Le syndicalisme et la Résistance

L'organisation et l'action

Le second voyage à Londres

Libération-Nord et l'armée secrète

Les hommes de Libération-Nord

Maurice Bouladoux

Oreste Capocci

Jean Cavaillès

Léon Chevalme

Roger Deniau

Albert Gazier

Eugène Jaccoud

Robert Lacoste

Charles Laurent

Pierre Neumeyer

Christian Pineau

Henri Ribière

Louis Saillant

Gaston Tessier

Jean Texcier

Victor Vandeputte

Paul Verneyras

Jules Zirnheld

Henri Ribière

Henri, Alexis Ribière naît le 27 décembre 1897 à Montluçon (Allier).

Fils d'un employé à l'abattoir de Montluçon, Henri Ribière, s'engage à 18 ans pour participer à la Grande guerre. Grièvement blessé dans la Somme, il est pensionné à 60 % à la fin du conflit. Employé à Montluçon, dans un établissement de crédit, il est révoqué pour activités syndicales et doit partir pour Paris. Il s'installe à Vitry-sur-Seine où il entre à la Sûreté nationale, revient à Montluçon pour travailler avec le député-maire socialiste de la ville, Marx Dormoy dont il est un ami intime. Lorsque, après le suicide de Roger Salengro, celui-ci devient ministre de l'Intérieur du gouvernement Blum, il fait de Henri Ribière son chef adjoint de cabinet. Avec le deuxième ministère Blum en 1938, Henri Ribière entre dans la préfectorale, comme secrétaire général de l'Ardèche. Puis il est détaché à la Caisse du crédit aux départements et communes. A la veille de la guerre, Henri Ribière est donc membre de la haute fonction publique.

En 1940, il est replié avec son administration à Bordeaux, lorsque le gouvernement de Vichy le relève de ses fonctions. Dès le mois d'août 1940, Henri Ribière décide d'entrer en résistance et prend contact avec les parlementaires socialistes qui ont refusé les pleins pouvoirs au maréchal Pétain : Marx Dormoy, Vincent Auriol, André Philip, Lucien Hussel et André Le Troquer.

Discret, ayant la culture du secret et la connaissance des pratiques policières, fonctionnaire de l'Intérieur bénéficiant à ce titre des possibilités exceptionnelles de passage de la ligne de démarcation, il a, selon les témoins, le goût de l'action clandestine et semble avoir été préparé de tout temps à devenir l'un de ceux que l'on va appeler plus tard avec Daniel Mayer et André Blumel, un "commis voyageur du socialisme clandestin" ou encore "un père tranquille" de la Résistance.

En décembre 1940, Henri Ribière organise la première rencontre entre les syndicalistes qui mettent sur pied Libération-Nord et les pionniers du socialisme clandestin. Il participe à la direction collective du mouvement et, après le voyage de Christian Pineau à Londres à l'été 1942, il en prend la direction, Jean Texcier s'occupant du journal.

Au début de l'année 1941, il occupe le poste de conseiller de préfecture à Caen qu'il quitte officiellement en juin 1942 "pour raison de santé". Multipliant les déplacements, il s'efforce alors de reconstituer clandestinement la SFIO tout en mettant sur pied le mouvement de résistance Libération-Nord en Basse-Normandie. Il entre ainsi en contact avec Achille Thouin dans le Calvados, et dans la Manche avec Joseph Bocher et Raymond Le Corre.

Revenu à Paris en 1942, Ribière continue son travail de prospection pour étendre Libération-Nord à l'ensemble de la zone occupée et devient l'un des principaux dirigeants du mouvement. Lors de la réunion tenue à Paris les 17 et 18 juin 1943, qui voit la naissance du Comité d'action socialiste unifié, Henri Ribière est désigné comme membre du bureau du comité exécutif, délégué à la propagande de la zone-Nord.

ll représente Libération-Nord au ConseNational de la Résistance et lors des journées qui précèdent la Libération de Paris, avec Daniel Mayer, ils s'efforcent d'éviter le déclenchement d'une insurrection qu'ils jugent prématuré. Contre les représentants du Parti communiste et ceux du Front national, ils se prononcent pour une trêve lors des premiers combats. Le 20 août 1944, il participe à la prise de l'Hôtel de ville de Paris puis du ministère de l'intérieur. A l'issue de la guerre, il apprend que son fils est mort au combat.

Reconstructeur de la SFIO, membre du Comité directeur depuis novembre 1944 (il le demeure sans interruption jusqu'à 1955), secrétaire général de Libération-Nord, Henri Ribière est désigné pour siéger à l'Assemblée consultative provisoire. Il est nommé membre de la Commission de la France d'outre-mer le 17 novembre 1944, de la commission de l'intérieur et de la santé publique et de la Commission d'enquête sur les fournitures de papier de presse.

En mai 1945, Henri Ribière est élu conseiller municipal de Montluçon, alors que son frère René devient maire de la ville. Le 21 octobre 1945, il est élu député socialiste de l'Allier à la première Assemblée nationale constituante.

Élu, après la Libération, député (SFIO) aux deux assemblées constituantes de 1945 et 1946, il assurera les fonctions de directeur du journal Libé-Soir, puis des services spéciaux de renseignement (DGER) et enfin de l'Office national des Anciens Combattants (ONAC).

Henri Ribière décède d'un cancer du cerveau, après de longs mois de souffrances à Paris le 25 avril 1956. Le gouvernement lui fait des obsèques officielles dans la cour des Invalides.

La municipalité de Montluçon lui a dédié une rue, conjointement avec son frère René Ribière, le 28 juin 1996.

Henri Ribière a épousé Claire Pourrat, née le 13 juillet 1899 à Issoire (Puy-de-Dôme) avec laquelle il a eu deux enfants. Son fils Jean (né le 22 juin 1922) est décédé en déportation.

Source : Jean Quellien, "Henri Ribière" in DVD-Rom La Résistance dans le Calvados, AERI, 2004 et d'après le site Internet de l'Assemblée nationale.

Traduction : Gabrielle Ciceri