Victor Vandeputte est né le 10 mars 1875 à Halluin (Nord). Tisserand dans sa ville natale, Victor Vandeputte devint, au début du siècle, secrétaire des Chambres syndicales ouvrières du textile d’Halluin et, avec Charles Vanlaecke, prit une part active à la grève qui commença au début de juillet 1910. Il était assisté, dans ses fonctions à la Bourse, de Vanlaecke (trésorier), et d’Henri Labaere (président). L’Union des syndicats ouvriers d’Halluin avait été fondée le 28 mars 1909 et s’était transformée en Bourse le 20 juin 1910. L’année suivante, Victor Vandeputte était secrétaire général de la Bourse du Travail d’Halluin et gérant de L’Union syndicale, son organe. Il assista à deux congrès de la CGT, ceux de Toulouse (octobre 1910) et du Havre (septembre 1912). Au début de 1914, Vandeputte devint secrétaire de la Fédération du Textile en remplacement d’Albert Inghels, élu député. Il l’était encore en 1925. De son côté, il s’était présenté aux législatives dans la 9e circonscription de Lille, sous l’étiquette Parti socialiste SFIO, mais sans succès.
Un moment mobilisé dans l’infanterie pendant la Première Guerre mondiale, il fut très vite placé en sursis d’appel aux usines Clément, à Boulogne-sur-Seine, et conserva ses responsabilités fédérales pendant toute la durée du conflit.
Devenu permanent, il s’était installé en 1918 dans la région parisienne, à Noisy-le-Grand (Seine-et-Oise) et entra en 1920 à la commission administrative de la CGT. Le 28 août 1920, Victor Vandeputte participa à Halluin à une manifestation contre la guerre et, en novembre de la même année, fut délégué à Londres au congrès de la Fédération syndicale internationale. Membre de la majorité au moment de la scission, il conserva toutes ses responsabilités fédérales et confédérales.
Le 23 janvier 1923, Victor Vandeputte démissionna de la section socialiste d’Halluin qui venait d’adhérer au Parti communiste et, dès lors, il se consacra exclusivement à la lutte syndicale, même s’il fut à l’origine de la tentative de relance d’une section du Parti socialiste SFIO à Halluin, où il créa aussi un syndicat confédéré du Textile.
A partir de 1920, Victor Vandeputte joua un rôle de premier plan dans la Fédération du Textile en tant que secrétaire administratif mais aussi par ses interventions dans les congrès fédéraux où il fut régulièrement présent. Au congrès de Rouen (6-8 septembre 1920), il prit la parole au nom de la commission administrative de la CGT et fut désigné comme délégué au congrès national d’Orléans (27 septembre-2 octobre 1920), sa fédération ayant rejeté l’affiliation à l’ISR à une écrasante majorité (5 256 mandats contre 377). Le 13 avril 1923, au cours du congrès de la Fédération CGT du Textile, Victor Vandeputte fut reconduit comme secrétaire. Il en fut de même lors du congrès fédéral tenu à Calais (Pas-de-Calais) en septembre 1924, à celui de Valence (septembre 1926) où il fut reconduit à l’unanimité et au cours duquel il demanda la création d’un comité mixte, avec les unitaires, pour mener une action commune. Au congrès de 1928 (Paris, 16-18 septembre), Victor Vandeputte présenta le rapport moral et financier dans un contexte différent : les unitaires avaient lancé une grève générale à Roubaix-Tourcoing dans une période défavorable, ce que Vandeputte condamna. Réélu secrétaire, il fut confirmé dans son mandat au congrès suivant (Lille, 3 avril 1931).
En 1935, il était toujours secrétaire administratif de la Fédération du Textile qui comptait alors 34 000 syndiqués. Victor Vandeputte prit en 1936 le titre de secrétaire général de la fédération réunifiée, d’abord seul, puis en le partageant, à partir de janvier 1937, avec Alexandre Delobelle. Réélu lors du congrès de Paris (18-20 juin 1937), il démissionna en novembre de la même année ; il était alors l’un des membres de l’équipe du journal Syndicats, où se retrouvaient les anciens confédérés hostiles à la progression de l’influence communiste dans la CGT. Il était également membre du Conseil national économique de 1936 à 1938 et assurait la vice-présidence de la deuxième section professionnelle (industries textiles).
Parallèlement à sa carrière à la tête de la Fédération CGT du Textile, Vandeputte fut présent à tous les congrès CGT jusqu’à celui de Toulouse (2-5 mars 1936), le congrès de réunification. Au XVIIIe congrès de la CGT (Orléans, 27 septembre-2 octobre 1920) il était intervenu à propos de l’inspection du Travail. Au début des années 1930, il était adhérent à la 10e section de la Fédération de la Seine du Parti socialiste SFIO bien que domicilié à Noisy-le-Grand.
En 1940, Victor Vandeputte signa le manifeste du Comité d’études économiques et syndicales constitué le 15 novembre avec des militants CGT et CFTC. Il prit sa retraite de permanent en 1941 mais en 1943, dans le bulletin du comité d’études (Lettres syndicales mensuelles) publia un article condamnant le syndicalisme unique prévu dans la Charte du travail.
Victor Vandeputte est décédé le 11 août 1961 à Noisy-le-Grand (Seine-et-Oise).
Source : Yves Le Maner, "Victor Vandeputte", site Internet Maitron-en-ligne