Maurice Bouladoux est né le 16 juillet 1907 à Parthenay (Deux-Sèvres) les Maurice Bouladoux dut travailler dès l’âge de quinze ans comme aide comptable dans une entreprise de textile. Syndiqué en juillet 1922 et secrétaire de section syndicale en 1923, il fut, en 1925, à dix-huit ans, l’un des initiateurs des Jeunesses syndicales chrétiennes et devint secrétaire de Gaston Tessier dont il resta longtemps le principal collaborateur, confectionnant ses dossiers, appelant pour lui au téléphone ses correspondants, tenant à jour son emploi du temps, l’accompagnant dans nombre de ses déplacements. Il rédigea même des notices dont on trouve trace dans les archives personnelles du secrétaire général et fut le plus jeune permanent du syndicalisme chrétien. En 1929, il devint président des JSC pour la région parisienne et coordinateur des groupements régionaux répartis à travers le pays. Cette même année, il fut secrétaire administratif et commercial d’une société d’édition et de propagande. En 1932, il participa à la fondation du quotidien L’Aube dont il assura la chronique syndicale, et il collabora régulièrement aux hebdomadaires La Vie catholique, Sept, Temps présent et à de nombreuses revues.
Pendant la période du Front populaire il se montra très actif et renseigna Tessier et Zirnheld sur toutes les manifestations et mouvements qui se développaient en France et singulièrement dans la banlieue parisienne. Il fut de ceux qui craignaient qu’un afflux de nouveaux adhérents subit et incontrôlé, ne bouleversât l’esprit et l’organisation de la Centrale chrétienne. Cependant, il n’appartint pas à l’État-major de formation qui organisa la reprise en main des dirigeants de la Centrale à partir de 1937 (sessions des permanents 1937, 1938 et 1939, si importantes dans l’histoire du syndicalisme chrétien en France). Il se consacra plutôt aux tâches administratives. En 1937 il fut désigné comme secrétaire général adjoint de la CFTC et tenta de faire pièce à Henri Zirnheld*, fils de Jules qui, par le biais de la Centrale des Fédérations, s’efforçait de durcir la position de la Centrale chrétienne dans un sens corporatiste.
Le souci de préserver les institutions républicaines fut constant chez Maurice Bouladoux qui, le 15 novembre 1940, fut signataire avec Gaston Tessier* et Jules Zirnheld* du Manifeste des douze. Ce manifeste rappelait les principes du syndicalisme français : son caractère anticapitaliste et son autonomie par rapport à l’État. Il était également fait mention dans ce Manifeste d’un « régime d’économie dirigée au service de la collectivité ». Durant cette période de l’Occupation, M. Bouladoux participa au Comité d’études économiques et sociales, organisme où travaillaient en commun des militants de la CFTC et de la CGT hostiles au gouvernement de Vichy. De 1940 à 1945, il occupa les fonctions de chef de service des achats-conditionnements dans une entreprise de l’industrie chimique.
Après la Libération, Maurice Bouladoux seconda Gaston Tessier dans la reconstitution de la CFTC où il reprit son poste de secrétaire général adjoint ; il eut tout d’abord la responsabilité du secteur « Formation » puis devint responsable du secteur « Économique ». À ce titre, il fut nommé président du groupe des travailleurs CFTC au Conseil économique (1945-1959). Succédant à Gaston Tessier, Maurice Bouladoux devint secrétaire général de la CFTC en 1948 et le demeura jusqu’en 1953. Il devint alors président 1953-1961, puis président honoraire. En 1945, Bouladoux avait refusé, au nom de la CFTC, d’adhérer à la FSM (Fédération syndicale mondiale). De 1961 à 1968, il fut président de la CISC. Il dirigea le journal Syndicalisme, organe de la Confédération française et de sa revue Recherches. En 1964, il opta pour la CFDT.
Maurice Bouladoux fit à deux reprises une incursion sur le plan politique. Il fut conseiller municipal en 1934-1947 et maire 1946-1947 de Saint-Leu-la-Forêt.
Membre du Conseil économique de 1947 à 1958, Maurice Bouladoux fut ensuite membre de section au Conseil économique et social de 1959 à 1962.
Maurice Bouladoux assura plusieurs fonctions importantes auprès des Communautés européennes ou internationales : conseiller au Comité économique et social depuis 1958, délégué ou conseiller technique aux Conférences internationales du Travail de 1945 à 1968, membre du conseil d’administration du Bureau international du travail (BIT) de 1960 à 1963, membre du conseil d’administration de la Banque française pour le commerce extérieur, enfin, en 1964, il fut nommé conseiller d’État en service extraordinaire.
D’un bout à l’autre de sa carrière de permanent, Maurice Bouladoux sut se maintenir au niveau des « grands » du mouvement syndical. Comme le rappelle André Jeanson*, ancien président de la CFDT dans l’article nécrologique qu’il rédigea en 1977 pour le journal Le Monde (10 novembre 1977), Maurice Bouladoux a été l’un des « patrons » du syndicalisme français. Son aptitude à la gestion ne le coupait pas de la base dont il scrutait constamment, et avec bonheur, les mouvements et les « humeurs ». Il savait « représenter » dignement la CFTC en face de la Centrale cégétiste à des moments où la Confédération chrétienne n’était pas encore en mesure de parler haut et fort.
Maurice Bouladoux mourut le 8 novembre 1977 à Saint-Leu-la-Forêt (Val-d’Oise) tandis qu'il était président honoraire de la CFDT.
Source : Michel Launay, Jean Maitron, "Maurice Bouladoux", site Internet Maitron-en-ligne