Jean Texcier naît le 6 octobre 1888 à Rouen (Seine-Inférieure) dans un milieu d'enseignants républicains. Il adhère à la 5e section SFIO de la Seine à son arrivé à Paris en 1907. Secrétaire des Étudiants collectiviste de 1910 à 1913, il collabore à L'Humanité et à La Guerre sociale, milite aux côtés de Jaurès et de Pierre Renaudel, dont il reste toute sa vie l'ami. Licencié en droit, entré en 1909 au Ministère du Commerce, rédacteur en 1912, il est par ailleurs peintre et journaliste.
Réformé, Texcier s'engage en 1915 pour la durée des hostilités et sert comme téléphoniste. Gravement blessé en Champagne, volontaire pour les missions dangereuses, il est décoré à plusieurs reprises. Fidèle à la SFIO à Tours, partisan d'un socialisme de réformes et d'évolution, Texcier appartient au comité de rédaction de La Vie socialiste. En 1933, il participe à la fondation du Parti socialiste de France, mais revient à la SFIO, après la mort de Renaudel. Il collabore encore aux Nouvelles littéraires, illustrant les portraits d'hommes de lettres.
Texcier écrit en juillet 1940 et imprime en août chez Keller, rue Rochechouart, les Conseils à l'occupé, première brochure clandestine à l'ironie perçante. Il n'incite pas à la révolte mais au refus de toute compromission avec l'occupant. Il s'agit tout d'abord d'ignorer systématiquement l'occupation, d'oublier la langue allemande, etc. Des extraits sont lus à la BBC par Maurice Schuman. Suivent ensuite Notre combat, rappelant l'alliance avec l'Angleterre, Propos de l'occupé, qui comparent la collaboration à celle du cochon et du marchand de bestiaux pour le paysan, et de la paire de fesses et de la paire de bottes pour l'ouvrier, et Les Lettres à François en janvier 1941.
Mis à la retraite par le gouvernement de Vichy en 1941, Texcier est l'un des fondateurs du mouvement Libération-Nord avec Henri Ribière et Christian Pineau (ensemble, ils rédigent Nous les travailleurs). Membre du comité directeur, après l'arrestation de Pineau, il rédige le journal du mouvement (pseudo Serge Boze). Il participe aussi à la formation du CAS-Nord, puis à l'unification de celui-ci avec le CAS-Sud (avec Daniel Mayer ils rédigent le texte d'accord qui donne naissance au Parti socialiste clandestin en juin 1943). Membre du bureau permanent de la Fédération de la presse clandestine, il appartient à la commission de l'information du CNR.
En 1944, Libération Nord délègue Jean Texcier à l'Assemblée consultative provisoire. Il devient l'un des grands éditorialistes de l'après-guerre, À Combat au début du journal, puis comme directeur politique de Libé-Soir, de Gavroche et de Clarté. Il s'impose aussi comme critique littéraire au Populaire-Dimanche. À partir de 1947, il siège au Comité directeur de la SFIO. Désigné comme secrétaire général de Libération Nord, à la mort d'Henri Ribière, il décède à Paris, le 22 mars 1957.
Beaucoup de ses appels ou articles clandestins ont vu le jour dès la Libération sous le titre Écrit dans la nuit. Après son décès, en 1957, un Comité des Amis de Jean Texcier publia Jean Texcier un homme libre, Albin Michel, 1960. Jean Texcier était commandeur de la Légion d'Honneur. Il a aussi été décoré de la Médaille militaire, de la Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945.
Source : Gilles Morin, "Jean Texcier" in DVD-Rom La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004